SUIBOKUGA
Technique et Outils
三墨法 Method Sanboku
(La technique des Trois Encres)
La technique des Trois Encres, considérée comme fondamentale dans la peinture à l’encre, est une méthode qui permet de créer une gradation des trois nuances d’encre en un seul coup de pinceau. En utilisant l’encre sombre, moyenne et claire, cette technique introduit de la profondeur, du contraste et de la texture dans l’œuvre. En combinant habilement ces trois densités d’encre, l’artiste peut exprimer une riche variation de tons, capturant la tridimensionnalité et l’atmosphère du sujet en n’utilisant que l’encre.
Le Suibokuga permet une grande variété d'expressions en fonction de la manière dont on utilise chaque côté du pinceau et de la façon dont on imprègne celui-ci d'encre. En jouant avec l'intensité de l'encre, le flou, les traits secs, les coulures, les dégradés et la force du geste lors du mouvement du pinceau, diverses techniques sont utilisées selon les besoins, créant ainsi un monde à la fois simple et délicat.
De plus, le Suibokuga est une peinture subjective de l'auteur. Même dans le cas d'une représentation figurative, l'œuvre est imprégnée de l'âme de l'artiste. Plutôt que de représenter le monde tel qu'il est, l'artiste reconstruit le sujet à travers sa propre interprétation et utilise les techniques appropriées pour exprimer ses sentiments, ce qui reflète ainsi son imaginaire dans l'œuvre.
Pour créer de telles œuvres en Suibokuga, il faut non seulement des compétences, mais aussi plusieurs outils. Parmi eux, les quatre éléments essentiels sont le pinceau, l'encre, l'encre à écrire (ou pierre à encre) et le papier. Ces outils de haute qualité sont souvent désignés sous le nom de « Quatre trésors du bureau » (「文房四宝」Bunbō shihō) en raison de leur importance.
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「文房四宝」Bunbō shihō

墨
L'encre
L’encre est composée de suie, de colle (NIWAKA) et de parfum. Il existe principalement deux types d’encre :
l’encre de suie de pin (SHOEN-BOKU) et
l’encre de suie d’huile (YUEN-BOKU).
La première est obtenue en brûlant du pin, tandis que la seconde provient de la combustion d’huiles liquides comme le colza ou le sésame.
La colle, d’origine animale, sert de liant.
Ces ingrédients sont mélangés et moulés, puis séchés pendant plus de six mois. L’encre de suie de pin est souvent utilisée pour le Suibokuga.
硯
La pierre à encre
Utilisée pour broyer l’encre, la pierre à encre est appréciée non seulement pour sa fonction, mais aussi pour sa valeur artistique et antique. Lors de la préparation de l’encre, il est important de broyer lentement et sans trop de pression pour obtenir des particules fines, tout en calmant l’esprit et en réfléchissant à la composition de l’œuvre.


筆
Le pinceau
Fabriqué à partir de poils naturels de divers animaux tels que le cheval, la belette, le cerf, le chat, le lapin ou le mouton, les pinceaux varient en taille et en texture selon l’usage prévu.
紙
Le papier
Deux types de papier sont utilisés : le papier chinois et le WASHI (papier japonais). Le papier chinois, aux fibres courtes, retient bien les traces de pinceau et de l’eau sans trop de diffusion. Le WASHI, aux fibres longues, permet des techniques de dégradé et de flou, et est réputé pour la beauté de ses nuances d’encre.

和紙
A propos du WASHI
Le WASHI est un papier artisanal japonais dont les principaux ingrédients sont
le KOZO (mûrier à papier),
le MITSUMATA (edgeworthia chrysantha)
et le GAMPI (Diplomorpha sikokiana).
Il est fabriqué à la main en utilisant les fibres de l’écorce de ces arbres. En raison de la longueur et de la robustesse de ces fibres, le washi est très résistant et adapté à la conservation à long terme (le plus ancien papier japonais a plus de 1300 ans).
Cependant, en raison de la difficulté d’obtenir les matières premières et de produire en grande quantité, le Washi est souvent coûteux.
En revanche, le papier occidental est fabriqué à partir de pâte de bois, dont les fibres sont plus courtes et donc moins résistantes. Toutefois, il est facile à produire en grande quantité, ce qui le rend peu coûteux et moins sujet à la décoloration.
落款印 RAKKAN-IN
Le Sceau de Signature
Le RAKKAN-IN (落款印) est un sceau traditionnel utilisé dans la peinture, la calligraphie et les œuvres d’art japonaises et chinoises pour signer ou authentifier les créations.

Utilisation et Signification
Le sceau RAKKAN-IN (un tampon avec la signature de l'artiste gravée sur une pierre)
Authentification et signature : Le RAKKAN-IN sert principalement à signer les œuvres et à authentifier l'auteur. Il joue un rôle essentiel dans la garantie de l'authenticité et de la fiabilité de l'œuvre, confirmant l'identité de l'artiste.
Valeur esthétique : En plus de sa fonction pratique, le RAKKAN-IN a une grande valeur esthétique. Il est souvent gravé sur des pierres spéciales par des artisans spécialisés, avec des formes complexes, délicates et belles. Ajouter la couleur rouge du sceau au monde en noir et blanc d'une peinture à l'encre lui confère une signification particulière, renforçant ainsi l'équilibre et la complétude de l'œuvre. Le sceau fait donc partie intégrante de l'œuvre elle-même.


Caractéristiques
Forme et Taille : Les sceaux peuvent varier en forme et en taille, souvent rectangulaires, carrés ou ovales. La taille et la forme sont choisies en fonction de l’œuvre et des préférences de l’artiste.
Matériaux : Les sceaux sont généralement fabriqués en pierre, mais peuvent aussi être en bois, en ivoire ou en métal. La pierre est souvent préférée pour sa durabilité et sa facilité de gravure.
Gravure : Le nom de l’artiste, un pseudonyme ou un symbole est gravé en caractères kanji ou en d’autres formes d’écriture traditionnelle. La gravure peut être en relief ou en creux, créant des marques distinctes lorsqu’elles sont encrées et appliquées sur le papier.
Encre rouge spéciale (印泥) : Le RAKKAN-IN est utilisé avec une encre spéciale appelée *inndei* (印泥), une encre rouge pâteuse. Cette encre est dense et durable, et en appliquant soigneusement le sceau sur le papier, elle laisse une empreinte nette et claire.
Importance Culturelle
Le RAKKAN-IN est profondément enraciné dans les traditions culturelles et artistiques de l’Asie de l’Est. Il ne sert pas seulement à identifier et à authentifier l’artiste, mais il ajoute également une dimension culturelle et esthétique à l’œuvre. En utilisant un RAKKAN-IN, l’artiste embrasse une tradition séculaire tout en ajoutant une touche personnelle à son travail.
Le RAKKAN-IN est donc bien plus qu’un simple outil de signature ; il est une déclaration de l’identité artistique et une part intégrante de l’héritage culturel.

